Les tendances récentes du rapport de la Banque Mondiale indiquent que « la croissance en Afrique subsaharienne s’est accélérée pour passer de 2,9 % en 2023 à 3,2 % en 2024 ». Les économies en développement représentent désormais 60 % de la croissance mondiale selon les perspectives économiques mondiales de janvier 2025. La Banque Mondiale assure qu’elles vont devoir gérer une conjoncture complexe en 2025 et 2026.
Selon le document, cette estimation marque toutefois une révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions de juin, qui s’explique par le conflit violent qui sévit au Soudan ainsi que par les difficultés rencontrées par un certain nombre de pays et qui ont freiné la reprise économique régionale en 2024.
La croissance des deux plus grandes économies de la région a atteint 2,2 % en moyenne en 2024, à la faveur d’un meilleur approvisionnement en électricité pour l’Afrique du Sud et d’une augmentation de la production pétrolière au Nigéria. Dans les autres pays de la région, la croissance a légèrement progressé pour atteindre un taux de 4 %.
L’inflation a affiché des trajectoires divergentes dans la région. Les prix à la consommation ont enregistré des hausses modérées ou se sont inscrits à la baisse dans la majorité des pays, même si l’inflation alimentaire est restée relativement élevée. On observe toutefois la persistance de fortes hausses des prix dans certaines grandes économies, en partie liées à des dépréciations monétaires importantes dans le cas de l’Angola, de l’Éthiopie et du Nigéria. En outre, l’insécurité alimentaire reste prononcée dans l’ensemble de la région, du fait notamment de conditions météorologiques défavorables (sécheresses en Afrique australe et inondations ailleurs).
Perspectives
La croissance en Afrique subsaharienne devrait se consolider pour atteindre 4,1 % en 2025, puis 4,3 % en 2026, sur fond de reflux de l’inflation et d’assouplissement des conditions financières.
Si la croissance régionale a été plus faible qu’attendu en 2024, les prévisions ont été revues à la hausse pour 2025 et 2026, à hauteur de +0,2 et 0,3 point de pourcentage respectivement. Ces moyennes masquent toutefois des disparités importantes. Le Nigéria et l’Afrique du Sud resteront à la traîne du reste de la région, malgré la reprise de la croissance prévue dans les deux pays.
Si l’on exclut les deux plus grandes économies d’Afrique subsaharienne, la croissance régionale devrait grimper à 5,3 % en 2025-2026. Les économies exportatrices de produits industriels (à l’exclusion du Soudan) devraient se redresser à mesure que la consommation des ménages s’améliore, entraînant le rebond du secteur des services.
Dans un contexte de baisse de l’inflation, la réduction progressive des taux directeurs devrait stimuler la consommation privée et l’investissement dans de nombreuses économies d’Afrique subsaharienne sur la période de prévision. Dans le même temps, en raison des niveaux élevés d’endettement et de la hausse des coûts d’emprunt, les marges de manœuvre budgétaires seront limitées, ce qui continuera de peser sur les dépenses publiques dans l’ensemble des pays de la région.
Les soldes budgétaires devraient continuer à s’améliorer, mais à un rythme plus modéré. Les déficits primaires devraient globalement se résorber au cours de la période de prévision, avec une baisse des déficits dans les pays pauvres en ressources et une augmentation des excédents dans les pays exportateurs de produits de base.
Le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait progresser en moyenne de 1,7 % par an en 2025-2026, soit un taux inférieur à la croissance moyenne des économies émergentes et en développement (même en excluant la Chine et l’Inde). L’Angola, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Soudan devraient même enregistrer une chute de leur revenu par habitant sur la période de projection.
Environ 30 % des économies de la région n’auront pas retrouvé leurs niveaux de PIB par habitant préCOVID d’ici à 2026, soit autant d’années perdues sur le front de la progression des revenus et de la réduction de la pauvreté.
Cependant, les risques de dégradation sont prépondérants. La croissance mondiale pourrait être plus faible que prévu dans un contexte d’incertitude accrue et dans l’éventualité de réorientations défavorables en matière de politiques commerciales.
Félicienne HOUESSOU
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