mercredi, mai 21, 2025
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Conférence de l’UA sur la dette : 5 impératifs pour remodeler le paysage et restaurer la souveraineté budgétaire(Claver Gatete-CEA)

Face à un continent qui s’enfonce sous le poids d’une dette publique qui grève ses capacités d’investissement, les cadres, dirigeants et experts africains sont réunis à Lomé depuis le lundi 12 mai 2025 pour la 1ère conférence de l’Union africaine (UA) sur la dette. Au centre des débats, le programme de gestion de la dette publique de l’Afrique pour restaurer et préserver sa viabilité. Après avoir faire le diagnostic de la situation dans son discours d’ouverture, Claver Gatete, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a souligné cinq impératifs essentiels pour remodeler le paysage de la dette de l’Afrique et restaurer la souveraineté budgétaire.

Les assises à Lomé visent à définir un « agenda africain » pour une gestion durable de la dette. Dans ce cadre, les experts insistent sur la nécessité d’actions à la fois nationales et internationales en matière de gestion macroéconomique. Pour sa part, Claver Gatete a énuméré des axes clés pour une transformation financière.

Premièrement, il s’agira de repenser la dette comme un outil de développement et non de destruction. « Il faut garder à l’esprit que la dette n’est pas intrinsèquement mauvaise ; ce qui compte, c’est à quoi elle sert… En termes simples, nous devons cesser d’emprunter pour consommer et plutôt emprunter pour transformer », a-t-il indiqué. À cet égard, la CEA défend une approche développementale, dans laquelle les emprunts sont liés à des investissements productifs dans l’énergie, les infrastructures, l’industrie et les services connexes.

Deuxièmement, les pays doivent approfondir la transparence et renforcer la gestion de la dette. En effet, explique Claver Gatete, l’Afrique a besoin de stratégies globales, propres à chaque pays, qui prennent en compte tous les passifs, y compris ceux des entreprises publiques. La transparence doit évoluer vers une culture de responsabilité, instaurant un climat de confiance avec les citoyens et les investisseurs. Toutefois, la CEA travaille en étroite collaboration avec les gouvernements africains pour fournir un soutien technique, des analyses de la dette et des outils numériques de gestion de la dette pour soutenir cette démarche.

Troisièmement, il est important de réformer de toute urgence l’architecture financière mondiale. Malheureusement, le système actuel n’est plus adapté à ses objectifs. Le Cadre commun du G20 doit être transformé pour devenir prévisible, inclusif et équitable. Elle doit également accueillir les pays à revenu intermédiaire, inviter les créanciers privés à la table des négociations dès le début et être guidée par les neuf principes fondamentaux de l’ONU – de la durabilité à l’immunité souveraine. Dans cet esprit, il faudra accélérer la création de l’Agence africaine de notation de crédit, une institution qui comprenne les réalités de l’Afrique, reflète son potentiel et rétablit l’équité dans la perception mondiale du risque africain.

Quatrièmement, il est impératif de développer la finance innovante et verte. L’Afrique doit montrer l’exemple en déployant des instruments tels que les obligations vertes, les obligations bleues et la dette liée à la durabilité pour débloquer des capitaux alignés sur le climat. De plus, les échanges de dette contre le climat et de dette contre la nature offrent des moyens d’alléger la pression budgétaire, tout en investissant dans la planète. Des pays comme le Cap-Vert, le Gabon, les Seychelles et le Maroc montrent déjà la voie, et la CEA reste déterminée à fournir le soutien technique nécessaire, à renforcer les capacités et à promouvoir des initiatives telles que la Coalition pour une dette durable.

Cinquièmement, Claver Gatete dira qu’aucune solution n’est complète sans un renforcement de la mobilisation des ressources nationales. Cela signifie élargir et numériser l’assiette fiscale, combler les fuites, exploiter la technologie et lutter contre les flux financiers illicites qui coûtent à l’Afrique plus de 88 milliards de dollars chaque année. Cela nécessite également le développement de marchés de capitaux robustes et inclusifs, capables de canaliser l’épargne intérieure vers des investissements productifs, de fournir un financement à long terme au secteur privé et de réduire la dépendance à l’égard de la dette extérieure.

Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique n’a pas manqué de d’attirer l’attention sur la ZLECA, qui constitue la réponse structurelle la plus puissante de l’Afrique. Pour lui, en créant un marché africain unique de 1,5 milliard de personnes, il peut stimuler les chaînes de valeur régionales, l’industrialisation, la création d’emplois et la mobilisation des recettes – réduisant ainsi la dépendance à l’égard des emprunts extérieurs et renforçant la résilience budgétaire.

Félicienne HOUESSOU

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