Les experts du Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF) viennent de mettre en place une solution pour faire face au déficit de financement annuel de l’Afrique, estimé à 194 milliards $. En marge de la quatrième Conférence internationale sur le financement pour le développement (FdD4), l’organisation a lancé l’initiative Revenue Action for Development in Africa (RADA) à Séville, en Espagne.
D’ici 2030, l’impact fiscal des pays africains pourrait doubler. Ceci, grâce au RADA qui combine les méthodes testées sur le terrain de l’ATAF avec des capacités numériques et de déploiement rapide améliorées pour répondre au programme urgent de financement pour le développement (FdD4). S’appuyant sur 15 ans d’expérience sur le terrain et des résultats qui s’élèvent déjà à 5,1 milliards de dollars en évaluations fiscales supplémentaires et 2,1 milliards de dollars collectés pour les trésors depuis 2016, l’ATAF estime que RADA peut doubler cet impact en deux fois moins de temps.
En effet, le programme à quatre piliers est conçu pour aider l’Afrique à financer son propre développement à l’avenir. Avec le soutien unanime des 44 pays membres de l’organisation, l’initiative vise à réduire le déficit de financement annuel de 194 milliards de dollars du continent au titre des objectifs de développement durable en rendant les systèmes fiscaux plus agiles, plus intelligents et plus équitables.
S’exprimant après le lancement, Mme Mary BAINE, secrétaire exécutive de l’ATAF, a présenté RADA comme une réponse concrète de l’ATAF à l’appel à l’action de la FdD4. « Alors que la FdD4 nous met au défi de prendre des engagements audacieux qui se traduisent par des progrès réels et mesurables vers le développement durable, l’ATAF réaffirme son engagement à aider les pays africains à libérer le plein potentiel des recettes fiscales grâce à des politiques et des réformes agiles. L’initiative RADA, alimentée par nos capacités d’intervention rapide, est notre engagement à transformer des engagements en impact, » a-t-elle déclaré.
Au cœur de RADA se trouvent quatre piliers qui se renforcent mutuellement. Tout d’abord, l’infrastructure fiscale numérique permet aux pays de déployer des systèmes modulaires et rentables (par exemple, la future plateforme d’échange automatique de renseignements) qui fournissent aux administrations des données en temps réel, des analyses et des outils liés au respect des obligations fiscales.
Le deuxième pilier est une plateforme agile d’appui aux pays alimentée par une fonction d’intervention rapide composée d’un groupe permanent d’experts qui peuvent être mobilisés en peu de temps pour des missions de soutien rapide, y compris, mais sans s’y limiter, le soutien à la réalisation de contrôles fiscaux, l’élaboration des textes législatifs, le conseil en matière de règlement des litiges et le soutien à la transformation numérique, en veillant à ce que l’ATAF « soutienne les membres là où le besoin se trouve, au moment où le besoin se fait sentir ». Dans le cadre de cette initiative, un programme phare de soutien rapide au contrôle fiscal associera nos experts à des équipes locales afin d’accéder aux revenus provenant des gros dossiers dans un court laps de temps tout en conservant les compétences pour la durabilité.
Le troisième pilier est l’accélération des capacités et des compétences, fondée sur un meilleur accès à des orientations, des notes d’information, des informations et à des formations en matière fiscale. L’Académie fiscale multilingue de l’ATAF augmentera l’accessibilité et la gamme de son catalogue d’apprentissages en ligne afin de faciliter la constitution d’une main-d’œuvre qualifiée et prête pour l’avenir, qui maintiendra les réformes en vie longtemps après le départ des consultants.
Enfin, la gouvernance fiscale inclusive et collaborative élargit l’horizon. Le Réseau des femmes fiscalistes (RFF) de l’ATAF intègre l’analyse de genre, tandis que de nouvelles boîtes à outils sur la fiscalité des produits nocifs pour la santé et des forums sur la politique au niveau continental garantissent que la réforme respective est déterminée par des données probantes en matière de santé publique, l’égalité femmes-hommes et la voix collective de l’Afrique dans les négociations mondiales sur la gouvernance fiscale.
Félicienne HOUESSOU
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