mercredi, septembre 17, 2025
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Transformation économique : appel à de vastes réformes de la gouvernance

Des économistes africains et des leaders du développement ont appelé à de vastes réformes de la gouvernance, à une plus forte mobilisation des ressources nationales et à des partenariats novateurs pour accélérer la transformation économique dans les États africains en transition.

Cet appel a été lancé lors d’un dialogue politique de haut niveau organisé par l’Institut africain de développement (IAD) du Groupe de la Banque africaine de développement lors de la 66e Conférence annuelle de la Nigerian Economic Society (NES) à Abuja, au Nigéria. La session, intitulée « Piloter la transformation économique de l’Afrique dans les États en transition : le rôle du renforcement des capacités et de la gestion des connaissances », était animée par Chidiebere Ibe, chargé en chef du développement des capacités à l’IAD.

La session a attiré des centaines de délégués de toute l’Afrique et du monde entier, y compris des économistes de premier plan, des décideurs politiques, des universitaires, des étudiants et des partenaires du développement internationaux.

Les États africains en transition ont les économies les plus vulnérables du continent, confrontés à un large éventail de défis politiques, économiques, sécuritaires et environnementaux, et s’efforçant d’atteindre une plus grande stabilité et une plus grande résilience.

Ouvrant le dialogue, Abdul Kamara, directeur général du Groupe de la Banque pour le Nigéria, a déclaré que l’Afrique devait accélérer son rythme de croissance pour atteindre au moins 7 % par an et réaliser une hausse du PIB par habitant de 3,5 % pendant quatre à cinq décennies afin de réaliser les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

« L’Afrique a besoin de 811 milliards de dollars par an de financement pour réaliser une croissance inclusive et un développement durable. Pourtant, le continent est confronté à un déficit de financement d’environ 680 milliards de dollars chaque année », a souligné M. Kamara. « À eux seuls, les États en transition ont besoin de 210 milliards de dollars par an, avec un déficit de 188 milliards de dollars. »

La croissance inclusive — axée sur la création d’emplois, l’autonomisation des jeunes et des femmes, et la réduction des goulets d’étranglement structurels — est au cœur de l’approche de la Banque, a-t-il précisé. M. Kamara a mis en avant des initiatives telles que le programme iDICE du Nigéria, doté de 618 millions de dollars, pour stimuler l’innovation et l’économie créative. Il a indiqué que la Banque investissait dans la jeunesse, les femmes, les infrastructures, l’énergie, l’éducation et la technologie pour relever les défis persistants du développement.

Eric Ogunleye, directeur de l’IAD, a rappelé l’urgence de s’attaquer à la fragilité, notant que 24 pays africains sont désormais classés comme des États en transition, contre 22 au cours des quatre dernières années.

« Plus de 250 millions d’Africains sont directement touchés par la fragilité, et plus de 44 millions d’entre eux avaient été déplacés de force à la mi -2024 », a déploré M. Ogunleye. « Les pays touchés par les conflits ont subi une chute de 20 % de leur croissance et un déclin significatif des résultats sociaux, car les ressources sont détournées des infrastructures et de la santé pour lutter contre les causes de la fragilité », a-t-il ajouté.

M. Ogunleye a averti que les foyers d’instabilité à travers le Sahel, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs menaçaient le développement à long terme, à moins que les pays ne poursuivent des réformes audacieuses, ne renforcent la gouvernance et ne développent leur résilience face aux chocs climatiques.

Les deux cadres dirigeants de la Banque africaine de développement ont mis l’accent sur le fait qu’une transformation soutenue nécessitait non seulement des ressources financières, mais aussi des investissements dans le développement des capacités et la gestion des connaissances. « Les capacités sont essentielles à l’élaboration des politiques et au renforcement des institutions », a insisté M. Ogunleye. Nous devons arrêter de “copier-coller” les politiques et développer des stratégies adaptées et pertinentes au niveau local, enracinées dans les connaissances autochtones et uniques de l’environnement. »

D’autres experts ont fait écho à l’appel lancé en faveur de réformes. 

Pour Emmanuel Owusu-Sekyere, directeur de la recherche, des politiques et des programmes au Centre africain pour la transformation économique (ACET), la résolution des conflits et la réforme de la gouvernance doivent précéder tout développement significatif. « Les efforts doivent d’abord viser à mettre fin au conflit avant de pouvoir entreprendre toute activité de développement », a-t-il déclaré. « Le plus important est de veiller à ce que les réformes soient axées sur l’instauration d’une bonne gouvernance et d’un leadership visionnaire. C’est là que la responsabilité commence et se termine. »

M. Owusu-Sekyere a alerté sur le fait que la corruption et le manque d’engagement politique demeuraient le « problème majeur » de l’Afrique. Il a exhorté les gouvernements à endiguer les flux financiers illicites, à maîtriser les transferts de fonds et à mettre en œuvre des plans de développement non partisans.

En ce qui concerne le financement, Adeyemi Dipeolu, membre du corps professoral de l’unité du laboratoire des politiques de l’IAD et ancien conseiller du président du Nigéria sur les questions économiques, a pointé le faible ratio impôts/PIB de l’Afrique, de 17 %, contre 29 % en Amérique latine et 26 % en Asie de l’Est. 

M. Dipeolu a souligné l’importance de lutter contre les flux financiers illicites, qui coûtent à l’Afrique environ 90 milliards de dollars par an, et de tirer parti des transferts de fonds, qui ont atteint 56 milliards de dollars en 2024. Il a également mis en garde contre les emprunts insoutenables : « Parmi les pays en surendettement dans le monde, sept sur neuf sont africains », a-t-il noté.

Pour sa part, Jane Mariara, directrice exécutive du Partenariat pour la politique économique (PEP), a regretté la diminution de l’aide au développement, mais elle a souligné les opportunités offertes par les flux de financement climatique vers l’Afrique, qui ont atteint 137 milliards de dollars en 2024.

Mme Mariara a appelé à une capacité de gestion de la dette plus forte et à un recours plus large aux instruments de financement mixte et de partage des risques : « Les États en transition doivent donner la priorité au renforcement des capacités institutionnelles, tandis que les partenariats avec le secteur privé peuvent débloquer de nouvelles ressources. »

De l’avis général des experts, la transformation des États africains en transition dépend d’une gouvernance forte, de stratégies de développement cohérentes, d’un financement durable et de partenariats solides.

Dans son discours de clôture, Seedwell Hove, chef de division de la gestion des politiques à l’Institut africain de développement, a déclaré que l’un des principaux enseignements du dialogue politique était l’aspect fondamental du renforcement des capacités pour la croissance et la transformation économiques, tandis que la gestion des connaissances contribuait à amplifier l’impact. Ces éléments doivent sous-tendre les réformes si l’Afrique veut passer de la fragilité à la résilience et de la transition à la transformation.

Elom LOKONON

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