Le Bénin, à l’image de l’Afrique fait face à un niveau d’endettement de plus en plus élevé, tandis que la mobilisation des recettes fiscales reste insuffisante. Face à cette situation qui limite les capacités du pays à financer ses dépenses publiques, notamment en matière d’infrastructures et de services sociaux, la Banque mondiale dans son nouveau Rapport sur les Perspectives économiques du Bénin, préconise de miser sur la mobilisation des recettes internes et de rendre la dette plus gérable.
Une trajectoire de croissance plus inclusive ainsi qu’une fiscalité et des dépenses mieux adaptées aux populations vulnérables pourraient accélérer les efforts de réduction de la pauvreté et des inégalités au Bénin. C’est ce que révèle la Banque mondiale dans la troisième édition de son Rapport sur les Perspectives économiques du Bénin. Intitulé Accroître la mobilisation des recettes intérieures tout en protégeant les pauvres, ce rapport analyse des récents développements économiques et présente les perspectives à moyen terme pour le pays.
Mamadou Tanou Baldé, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapport indique que « la poursuite des efforts de mobilisation des ressources intérieures et un rééquilibrage de la composition de la dette en faveur de la dette intérieure, conformément aux stratégies de mobilisation de recettes et d’endettement à moyen terme, devraient permettre au Bénin de maintenir sa stabilité macroéconomique, déterminante pour attirer les investissements privés et soutenir la transformation économique en cours ».
Le document se focalise également sur la mobilisation des recettes intérieures tout en protégeant les pauvres. En effet, souligne un communiqué de presse parvenu à Africa3i, la simplification de la politique fiscale et la digitalisation des processus de recouvrement des impôts ont permis d’améliorer la qualité des services et sécuriser le recouvrement des recettes. Ainsi, les recettes fiscales, principal moteur de l’augmentation des recettes, sont passées de 9.2 % du PIB en 2016 à 13,2 % en 2024, soit une augmentation de 4 points de pourcentage sur la période.
Malgré ces progrès, les experts de la Banque mondiale estime que l’écart par rapport au pays pairs subsiste et que le Bénin a besoin d’accroître la mobilisation des recettes intérieures pour financer son plan de développement. « Alors que le système budgétaire du Bénin favorise la réduction des inégalités de 3 points de Gini, une amélioration du système budgétaire avec notamment une combinaison de prélèvements et transferts plus ciblés pourrait sortir plus de 100 000 personnes de la pauvreté chaque année tout en continuant à mobiliser plus de ressources », indique le communiqué.
Arthur Alik-Lagrange, économiste principal à la Banque mondiale et co-auteur du rapport précise : « pour améliorer la situation, le Bénin devrait s’attacher à renforcer les filets de protection sociale, mettre en œuvre une fiscalité plus progressive et à augmenter les dépenses sociales mieux ciblées vers les plus pauvres afin d’améliorer l’impact redistributif de ses politiques budgétaires.
L’objectif de déficit budgétaire de l’UEMOA atteint
En 2024, rappelle le rapport, la croissance économique du Bénin a atteint 7,5 %, son niveau le plus élevé depuis 1990, grâce aux solides performances des secteurs des services et de l’industrie. La pauvreté a diminué de 2.2 points de pourcentage en passant de 33.2 % en 2023 à 31 % en 2024. La poursuite de la consolidation budgétaire a permis d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire de l’UEMOA de 3 % en 2024, et diminuer la dette, contribuant ainsi à améliorer le profil de la dette du pays. Toutefois, le dynamisme de l’activité économique ajouté à la modération de l’inflation devrait soutenir une baisse de la pauvreté à 22,3 % en 2027.
Félicienne HOUESSOU
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