Le Ghana, un pays fortement panafricain avec une dette publique de 28 500 millions USD accueille cette année, la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD) organisée par le Forum africain sur la dette et le développement (AFRODAD). Cette 5ème édition qui ambitionne relier les enjeux nationaux aux objectifs plus larges de l’Union africaine (UA) en matière de réduction de la dette, place la réparation au cœur des débats.
Sans la réparation, il n’y a pas de libération pour l’Afrique. Ainsi, un nouveau chapitre vient de s’ouvrir dans la lutte pour la justice réparatrice avec l’AfCoDD V. La conférence lancée ce mercredi 27 Août 2025 à la Mövenpick Hôtel, rassemble pendant 3 jours, des décideurs politiques, des syndicalistes, la Société civile, des féministes, des dirigeants de jeunes et des militants de tout le continent et de la diaspora.

Lors de la cérémonie d’ouverture, la présidente du conseil d’administration du Forum africain sur la dette et le développement, Barbara Kalima-Phiri a indiqué que le fardeau de la dette et les inégalités structurelles de l’Afrique sont le produit de siècles d’exploitation, de la traite transatlantique des esclaves et du pillage colonial à l’apartheid et au système économique mondial inéquitable. « Le monde doit à nos mères, à nos pères, à nos ancêtres et à nos enfants … L’Afrique n’a pas de dette envers le monde, c’est le monde qui a une dette envers l’Afrique », a-t-elle déclaré. Kalima-Phiri a insisté sur le fait que l’Afrique ne doit plus compter sur l’extérieur pour résoudre ses propres problèmes. Elle a ainsi invité les participants à profiter de ce rendez-vous stratégique pour concevoir un système qui favorise l’émancipation politique, économique, sociale et culturelle.

Khanyisile Litchfield-Tshabalala, présidente du Réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité (APNIFFT) va plus loin en affirmant que la lutte de l’Afrique pour les réparations ne se limite pas aux injustices historiques de l’esclavage et du colonialisme, mais également, aux pratiques néocoloniales qui continuent de vider l’Afrique de ses ressources. « Nous exigeons des réparations pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme. Car les flux financiers illicites, le pillage de nos ressources naturelles et la crise de la dette ne sont pas des accidents. Ils sont la continuation du même système d’exploitation », a-t-elle dit. Elle a précisé que la lutte de l’Afrique ne consiste pas à mendier mais à se réapproprier ses ressources.

Alors qu’elle représentait le ministre des Finances du Ghana, Cassiel Ato Forson, Yaa Asantewa Asante a rappelé les vulnérabilités de l’Afrique face à la dette qui continuent de s’aggraver malgré les tentatives répétées d’y remédier. « Le continent est confronté à d’énormes endettements. La dette a atteint 650 milliards de dollars américains en 2025, avec une charge annuelle du service de la dette d’environ 90 milliards de dollars, ce qui réduit considérablement les dépenses essentielles dans les infrastructures, l’éducation, et la santé », a-t-elle déclaré avant d’exhorter les participants à engager un discours productif, franc et courageux pendant les 3 jours de sessions.



Notons l’édition 2025 de l’AfCoDD se tiendra jusqu’au vendredi 29 Août 2025 et sera meublée par une vingtaine de sessions et de débats sur l’annulation de la dette, les réparations et la justice économique. Le thème central étant, « Réparations et justice réparatrice pour une architecture et une transformation financières africaines ».
Félicienne HOUESSOU
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