mercredi, décembre 10, 2025
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Floraison des ZES : La double stratégie africaine pour une production de valeur ajoutée

Longtemps exportatrice de matières premières à faible valeur, l’Afrique engage une nouvelle bataille : produire plus, et mieux, sur son sol. Au cœur de cette ambition, les Zones Économiques Spéciales (ZES) promettent d’attirer les investisseurs, d’industrialiser les filières locales et de faire émerger une économie compétitive à l’échelle continentale.

Les Zones économiques spéciales s’imposent comme les nouveaux leviers de transformation du continent africain. Conçues pour attirer les investisseurs grâce à des régimes fiscaux adaptés, des infrastructures industrielles modernes et un environnement réglementaire simplifié, elles constituent aujourd’hui le cœur d’une stratégie économique tournée vers la valeur ajoutée. Dans un contexte de vulnérabilité financière persistante, elles représentent une réponse concrète aux défis de financement et d’industrialisation auxquels l’Afrique est confrontée.

Les investissements étrangers directs montrent un frémissement de reprise dans plusieurs pays. Pourtant, le tableau général demeure contrasté. Plus de vingt États africains consacrent désormais davantage de ressources au remboursement de leurs dettes qu’à la santé, l’éducation ou les infrastructures. De surcroît, le coût du financement du continent reste trois fois plus élevé que dans les économies développées. Une situation qui freine la mise en place des capacités industrielles indispensables à une croissance durable.


Des zones industrielles stratégiques au service de la souveraineté productive

Lors de la Réunion annuelle 2025 des ZES africaines, Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé avec force que l’industrialisation de l’Afrique n’est pas une option mais un impératif. Selon lui, les ZES doivent évoluer pour devenir des écosystèmes d’innovation pleinement connectés aux chaînes de valeur régionales et mondiales.

Grâce à leurs capacités logistiques et douanières modernisées, ces pôles industriels permettent : de renforcer la transformation locale des matières premières ; connecter fournisseurs et fabricants au-delà des frontières ; de soutenir les PME locales ; de créer massivement des emplois pour les jeunes et les femmes ; d’accélérer la transition vers une industrialisation verte.

Des réussites se dessinent déjà. Le Maroc, le Kenya, le Bénin ou encore le Togo démontrent qu’une ZES bien gouvernée peut devenir un véritable hub industriel, capable d’exporter des produits à forte valeur ajoutée.

Des chaînes de valeur continentales à renforcer

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) reconfigure désormais la géographie du commerce africain. Avec l’identification de 94 chaînes de valeur prioritaires dans l’agro-industrie, les produits pharmaceutiques, l’automobile, la valorisation des minéraux ou encore les services numériques, le potentiel est immense.

Pendant trop longtemps, il était plus simple de commercer avec l’Europe ou l’Asie qu’entre voisins africains. Les ZES renversent cette logique en transformant des marchés fragmentés en corridors de production continentale, propulsant le label Fabriqué en Afrique vers un standard de compétitivité et de qualité.

Une étude récente de l’Agence française de développement révèle que près de 230 ZES dans 43 pays contribuent déjà à la diversification des exportations, la fabrication de produits plus sophistiqués, l’ouverture de nouveaux marchés internationaux et à l’amélioration du bien-être des populations locales.


Trois priorités pour réussir le virage industriel africain

Claver Gatete a identifié trois priorités stratégiques pour consolider cette dynamique. Il s’agit d’aligner les stratégies des ZES avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), de simplifier et sécuriser le climat des affaires et d’investir massivement dans le capital humain. « Nous devons harmoniser les stratégies relatives aux zones économiques spéciales avec celles mises en place dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine, afin que ces zones deviennent de véritables pôles industriels capables d’ancrer les chaînes de valeur régionales, de créer des emplois et de développer le commerce intra-africain », a-t-il indiqué. Grâce à des stratégies intégrées, les zones économiques spéciales peuvent transformer des marchés fragmentés en corridors continentaux de production et de prospérité, faisant du « Fabriqué en Afrique » non seulement une indication d’origine, mais également une norme d’excellence. Pour lui, les ZES africaines sont des outils stratégiques pour l’industrialisation et l’intégration régionale, offrant incitations fiscales/douanières pour attirer l’investissement et stimuler le commerce soutenus par la ZLECAf pour créer un marché continental plus large. Ces ZES visent à passer de l’exportation de matières premières à la fabrication à valeur ajoutée, malgré des défis de coût fiscal et de connectivité, et intègrent désormais des objectifs écologiques et sociaux

Les ZES africaines ne sont plus de simples enclaves industrielles destinées à l’export. Elles deviennent des moteurs de transformation structurelle, capables de réduire la dépendance aux matières premières, de renforcer l’autonomie productive et d’intégrer pleinement l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales. Avec un environnement financier encore exigeant, l’enjeu est maintenant d’accélérer la convergence entre politiques industrielles, logistiques, technologiques et sociales.

Félicienne HOUESSOU

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