Le Bénin a donné ce jeudi 27 novembre 2025, le coup d’envoi de l’édition 2025 des Journées scientifiques de l’économie béninoise (JSEB). Il s’agit d’un rendez-vous qui s’affirme d’année en année comme la plateforme africaine de référence où chercheurs, économistes et décideurs publics confrontent leurs analyses et repensent les trajectoires de développement du continent.
C’est un événement de haute voltige qui s’est ouvert ce matin à la l’hôtel Sofitel de Cotonou. Placées sous l’égide du ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, constituent un carrefour unique où l’excellence académique rencontre l’urgence de la décision publique.
Les travaux ont été lancés sous le thème : « Institutions et Prospérité des Nations ». Une thématique d’une importance capitale pour l’avenir du continent. Dans son allocution, Aristide Médénou, Directeur général de l’Économie, a précisé la double vocation des JSEB : créer une synergie et encourager l’opérationnel. « La première est de renforcer le pont entre la richesse scientifique et la prise de décision publique afin de créer une synergie d’action au service du progrès de nos sociétés et du bien-être de nos populations. La seconde est de susciter, d’encourager les travaux de recherche porteurs de recommandations opérationnelles », a-t-il indiqué.
Le thème choisi traduit l’engagement profond du gouvernement béninois, qui place la qualité de la gouvernance et le renforcement des institutions au cœur de son programme d’actions. Selon M. Médénou, les nations qui atteignent une prospérité durable sont celles qui parviennent à relever les défis de la bonne gouvernance et à bâtir des institutions solides capables d’assurer la stabilité et de promouvoir le bien-être collectif.
Cette rencontre de haut niveau, accueille des chercheurs provenant de 15 pays d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Australie et d’Afrique, francophones et anglophones, attestant de la rigueur de la sélection scientifique.
Les institutions, première infrastructure du développement
L’importance stratégique des JSEB a été soulignée par le Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Bénin, Titus Osundina. Saluant le « leadership visionnaire du Ministre d’État, Romuald Wadagni » pour avoir enraciné cette tradition, Titus Osundina a rappelé que le renforcement des capacités institutionnelles fait partie intégrante de son mandat pour un développement inclusif.
« Des institutions fortes, transparentes et inclusives sont la première infrastructure du développement », a affirmé le représentant.
Ces institutions protègent les droits, encouragent l’innovation, réduisent l’incertitude et sont un prérequis essentiel à la réalisation de l’Agenda 2030 et de l’ODD 16 (Paix, Justice et Institutions Efficaces). Le diplomate onusien a également mis en exergue le rôle croissant des innovations numériques et de l’intelligence artificielle, soulignant que la tenue des JSEB est une opportunité pour échanger sur la manière dont ces technologies peuvent nourrir l’avènement d’institutions fortes et porteuses de développement durable en Afrique.
À l’heure où les institutions africaines sont confrontées à des défis majeurs – démographiques, technologiques, sécuritaires et environnementaux –, le Bénin pose ainsi un jalon supplémentaire pour inscrire la science économique au cœur de la décision publique.
L’événement a atteint son apogée scientifique avec la présence du Professeur James A. Robinson, figure mondiale dont les travaux sur les institutions extractives et inclusives ont redéfini la compréhension du développement. Le représentant du Ministre de l’Économie et des Finances du Bénin, Hermann Orou Takou a salué le lauréat du Prix Nobel d’Économie 2024, en se disant certain de la profondeur que sa présence apportera aux débats.
Le Professeur Robinson, de la Harris School of Public Policy de l’Université de Chicago, a annimé la conférence inaugurale tant attendue, intitulée « Africa in World History ». Son intervention a jeté les bases des discussions, en offrant aux décideurs et chercheurs des perspectives nouvelles et des expériences réussies de la gouvernance institutionnelle, cruciales pour le Bénin et les autres économies africaines en pleine mutation.
En associant un panel d’experts aussi étoffé à une volonté politique aussi clairement affichée de se baser sur la science, les JSEB 2025 confirment la détermination du Bénin à bâtir un État moderne, efficace et véritablement au service de la prospérité collective.
Félicienne HOUESSOU
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