En Afrique, le non-paiement de l’impôt, ou évasion fiscale, est un problème complexe avec des implications significatives pour les États. Les causes incluent la faible capacité administrative des États, l’évasion fiscale des multinationales, la perception de corruption et le manque de confiance dans les institutions, ainsi que des facteurs liés à la pauvreté et aux conflits. Les conséquences sont une perte de recettes fiscales, un sous-financement des services publics et une accentuation des inégalités. Depuis plus d’une décennie, le Forum sur l’administration fiscale en Afrique (ATAF) a été l’un des moteurs de ce changement, en aidant les pays à mettre en place des systèmes fiscaux plus solides, plus justes et plus efficaces qui alimentent leurs programmes de développement.
Au cours de l’année 2024, les efforts soutenus par l’ATAF ont aidé les administrations fiscales africaines à identifier près de 385 millions de dollars d’impôts impayés, démontrant ainsi que la capacité du continent à lever des fonds de l’intérieur n’est pas théorique mais réelle. Le Forum sur l’administration fiscale en Afrique travaille avec ses partenaires pour suivre, analyser et éliminer les échappatoires qui permettent l’évasion et l’évasion fiscales. Entre autres, le Policy Tracker des IFF ATAF-TJNA-AUC s’est imposé comme un outil pratique pour aider les pays à identifier les points faibles de leurs cadres juridiques et administratifs. En parallèle, l’ATAF soutient la mise en œuvre de normes internationales telles que l’échange automatique d’informations, aidant les pays à retrouver les avoirs non taxés cachés à l’étranger. Depuis sa création en 2009, l’ATAF a aidé les pays membres à collecter plus de 5,1 milliards de dollars en nouvelles contributions fiscales et à collecter plus de 2,1 milliards de dollars en revenus.
En effet, de nombreux pays africains sont toujours aux prises avec de faibles ratios impôts/PIB, plus de la moitié d’entre eux tombant en dessous du seuil de 15 % considéré comme nécessaire au développement durable. Les systèmes fiscaux reposent souvent fortement sur les impôts indirects, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’équité et à la progressivité. Dans le même temps, les exonérations fiscales, l’informalité, les capacités administratives limitées et les traités mal négociés limitent la mobilisation des ressources intérieures. Pourtant, au milieu de ces obstacles, les pays africains font des progrès mesurables, et l’ATAF est au cœur de ceux-ci.
Une grande partie des progrès orchestrés concerne le renforcement des capacités. L’ATAF a formé plus de 15 000 agents des impôts dans les États membres, les dotant de l’expertise technique nécessaire pour gérer tout, des prix de transfert à la fiscalité de l’économie numérique. Au Bénin, par exemple, la formation ciblée de l’ATAF a renforcé la capacité des vérificateurs fiscaux à faire respecter des normes de prix de pleine concurrence, améliorant ainsi considérablement la qualité des contrôles fiscaux des entreprises. « La formation de l’ATAF a vraiment amélioré la façon dont nous effectuons des contrôles fiscaux complexes. Aujourd’hui, nous comprenons mieux le principe de pleine concurrence et nous savons comment analyser les contrats entre entités liées », a déclaré Mme Balaro, participante à l’une des formations de l’ATAF au Bénin.
Par le biais de plateformes telles que l’African Multidisciplinary Tax Journal (AMTJ), l’African Tax Outlook (ATO) et d’autres initiatives de recherche collaborative, l’ATAF promeut également la conception de politiques fondées sur des données probantes qui reflètent les réalités africaines. Cette base de connaissances aide des pays comme Maurice à appliquer des analyses avancées pour éclairer les décisions en matière de conformité, de politique fiscale sectorielle et de prévisions.
À la frontière numérique, l’ATAF aide les pays membres à dépasser les systèmes existants en introduisant des outils alimentés par l’IA, des applications d’apprentissage automatique et des plateformes d’audit modernes. Ces innovations ne sont pas seulement des mises à niveau technologiques ; Ils représentent une évolution vers des administrations fiscales plus agiles, transparentes et réactives.
Félicienne HOUESSOU
Avez-vous des informations à transmettre aux journalistes d’Africa3i ? Envoyez-nous un e-mail à africa3info@gmail.com