L’Afrique, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le centre, tous sont représentés à Accra depuis mercredi 27 Août 2025 dans le cadre de la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD V). Il s’agit d’un mouvement mondial sur la dette et la justice réparatrice en Afrique dont l’objectif est de briser le nouvel ordre colonial et permettre au continent de prendre en main son avenir.

Si le célèbre adage dit que c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle, le professeur Sir Hilary Beckles, président de la Commission des réparations de la CARICOM vient marteler combien il serait même dangereux de conduire une voiture sans utiliser les rétroviseurs. Alors qu’il se prononçait à la session inaugurale de AfCoDD V, il décrit le mouvement mondial pour les réparations comme une lutte « intergénérationnelle et imparable qui remonte au XIXe siècle.
Sir Hilary Beckles a rappelé les cinq étapes de la lutte pour les réparations. La première a été la libération des populations au XIXe siècle. A l’époque, les peuples africains, notamment la diapora exigeaient une compensation pour le travail volé. Mais le colonisateur, en réponse disait : « Votre liberté est votre réparation ».
La deuxième étape a été un appel pour le soutien financier du développement des pays de l’Afrique, après des décennies dégâts culturels, économiques, politiques et psychologiques occasionnés par l’esclavage et le colonialisme.
La troisième étape consiste en des mouvements d’indépendance menés dans les années 1930-1940.
Après l’indépendance, les pays des Caraïbes ont lancé des appels au développement. Ceci était le début d’une quatrième étape. La solution piège vendue à l’époque par le colonisateur pour atteindre le développement était la mise en place du système de la dette.
Le mouvement mondial pour les réparations connait aujourd’hui sa cinquième étape. Une lutte comtemporaine qui appelle à l’unité de l’Afrique et de sa diaspora.
« Les réparations ne peuvent se faire sans l’Afrique. Aujourd’hui, l’Afrique parle d’une seule voix… Avec la solidarité, rien ne peut l’arrêter », a déclaré Sir Hilary Beckles. Pour lui, ce combat se poursuivra jusqu’à ce que justice soit rendue ».

Pour atteindre cette justice, Khanyisile Litchfield-Tshabalala, présidente du Réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité (APNIFFT), a insisté sur le fait que les réparations doivent également s’attaquer aux pratiques néocoloniales qui continuent de vider l’Afrique de ses ressources. « Nous exigeons des réparations pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme. Car les flux financiers illicites, le pillage de nos ressources naturelles et la crise de la dette ne sont pas des accidents. Ils sont la continuation du même système d’exploitation et constituent un nouveau front dans la lutte », a-t-elle déclaré.

Cette session inaugurale a planté le décor d’une suite enrichissante de débats. Intitulée ‘’Pouvoir, politique et peuple : Africaniser la crise de la dette dans un cadre de réparations’’, la première session a réuni plusieurs axes de réflexion essentiels pour appréhender le problème du sous-développement en Afrique sous l’angle des réparations et d’un cadre réparateur. Elle a été animée par Dereje Alemayehu, Coordonnatrice exécutive de l’Alliance mondiale pour la justice fiscale ; Dr. Liliane Mouan, Administratrice d’AFRODAD ; Donald Deya, président de la campagne STB et directeur général de l’Union panafricaine des avocats et Molly Dhlamini, consultante Relations internationales, Résolution de conflits et médiation.




La deuxième session sur le thème ‘’Intersectionnalités et réparations : Lier la transformation économique de l’Afrique et la crise de la dette au-delà de l’emprunt’’, rassemble les luttes africaines pour mettre en lumière leurs dimensions intersectionnelles aux réparations. La discussion sur la reconnaissance des cadres de réparation en tant qu’outil supplémentaire pour faire avancer les interventions en vue de l’Agenda 2063 a été modérée par Jason R. Braganza d’AFRODAD. Elle a été animée par Jane Nalunga, Directrice exécutive, SEATINI-Ouganda ; Dr. Kwabena Otoo, Secrétaire général adjoint du Congrès des syndicats (TUC) ; Briggs Bomba, Directeur des programmes de Trust Africa Nombuso Mathibela, éducateur politique culturel.
Enfin, une session s’est penchée l’approche institutionnelle africaine visant à mobiliser le continent pour remédier aux torts passés, remédier aux injustices actuelles et prévenir les torts futurs envers l’Afrique, les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Félicienne HOUESSOU
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