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Casinos et jeux de hasard : Une porte ouverte au blanchiment d’argent ?  (La GIABA fait des révélations sur le Bénin)

Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (GIABA), vient de publier ce mardi 15 mars 2022, un rapport sur «les risques et vulnérabilités dans le secteur des casinos et des jeux de hasard en Afrique de l’ouest». Ce document tire la sonnette d’alarme sur l’activité illégale des casinos au Bénin.

Félicienne HOUESSOU

Au fur à mesure que le secteur financier est plus encadré, les criminels se dirigent de plus en plus vers le secteur non financier, y compris les casinos et les jeux de hasard en ligne dont les vulnérabilités ont trait à l’existence de failles juridiques et l’absence de mécanismes de contrôle ou de supervision. Le Rapport d’évaluation du GIABA (2021), intitulé Blanchiment de capitaux : risques et vulnérabilités dans le secteur des casinos et des jeux de hasard en Afrique de l’Ouest, indique que les autorités considèrent que les casinos et jeux de hasard en ligne présentent des risques élevés, étant donné la faiblesse de leurs capacités à en contrôler l’accès, les montants misés et les dispositifs de contrôle en place. Les casinos proposent des jeux de table (roulette, Texas Hold ‘Em, baccara, etc.).

« Les nationaux sont interdits d’accès aux casinos, sauf sur dérogation spéciale accordée par le ministère de l’Intérieur, laquelle est très rare selon les autorités. Quant au profil de la clientèle des casinos, la plupart des joueurs sont des ressortissants chinois (estimés à 90 % par un des casinos) qui viennent en tête, mais également des Indiens, des Libano-Syriens, des Français et d’autres ressortissants d’Afrique de l’Ouest. Seule la monnaie locale est acceptée dans les casinos, conformément à la réglementation en vigueur », souligne le rapport. Cependant, cette règle n’est pas largement respectée. L’institution spécialisée de la Cedeao révèle que les casinos ne font pas l’objet d’un contrôle et aucun cadre n’existe à l’heure actuelle pour contrôler leur activité. Les contacts entre les casinos et la CENTIF sont quasiment inexistants.

Des défis pour le Bénin

Le décret de 2011 instaure un processus d’agrément des casinos. Une procédure de demande rigoureuse est en place, sous la tutelle du ministère de l’Économie. Ainsi, il existe 4 casinos agréés au Bénin. La Loterie nationale est chargée d’assurer l’intégrité des jeux de loterie nationale, notamment le contrôle du secteur de la loterie. Sept agents sont dédiés au contrôle du secteur, mais ne sont pas autorisés à entrer dans les casinos, et les audits des établissements de jeux sont assurés par la police. En effet, la police a une présence permanente à l’intérieur des casinos aux fins de déceler toute activité suspecte. Deux agents assurent la permanence dans les casinos pour surveiller les jeux et autres activités. L’accès aux casinos est contrôlé, notamment par des agents en civil. Cependant, aucune Déclaration d’opération suspecte (DOS) n’a été soumise à ce jour par les exploitants de casinos du pays. L’analyse stratégique n’est pas effectuée de façon régulière et aucune analyse stratégique de l’activité des casinos n’a jamais été produite à ce jour. Les casinos n’ont pas soumis de Déclaration d’opération suspecte au cours de la dernière décennie, contrairement aux banques, qui en ont déposé, en rapport avec des soupçons d’activité illégale de casinos. En 2020, deux DOS soumises par deux banques ont aidé les autorités à identifier deux casinos travaillant dans l’illégalité. En 2019, la CENTIF en a reçu 903, et leur nombre augmente chaque année.

Le processus d’Evaluation nationale des risques (ENR) a commencé en 2016 et a duré deux ans. L’élaboration du rapport s’est achevé en 2018 et un atelier permettant aux autorités de partager les résultats de l’Évaluation avec les assujettis, y compris les casinos, s’est tenu en septembre de la même année. L’ENR a été officiellement adoptée en 2019. Elle a suivi la méthodologie de la Banque mondiale. En 2019, une stratégie nationale a été élaborée sur la base de ses conclusions. Une des principales constatations de l’ENR et de la stratégie était la nécessité de nommer une autorité de contrôle des assujettis, y compris les casinos. En outre, une autorité de contrôle spécifique au secteur des casinos devrait être immédiatement désignée et dotée des pouvoirs nécessaires au contrôle de ce secteur. Le Service du contrôle du territoire constitue la principale entité chargée d’assurer l’intégrité des casinos.

Les recommandations du GIABA

Les autorités estiment que la majorité de ces jeux, y compris les jeux de hasard et la loterie virtuelle, ne présentent pas de risques de blanchiment de capitaux. Toutefois, le GIABA précise que l’évaluation devrait être réexaminée sur la base des conclusions de ce rapport. L’activité illégale des casinos constitue pour le pays, selon le document, un casse-tête qui mérite d’être résolu. Le secteur a besoin de lignes directrices. Considérant les vulnérabilités des casinos et jeux de hasard, la GIABA invite les autorités à œuvrer davantage à faire appliquer la loi, notamment par la nomination d’une autorité nationale de contrôle et la mise en œuvre d’un programme de contrôle au niveau national. Le Bénin doit donc s’employer à identifier, évaluer et comprendre les risques de blanchiment d’argent associés à ce secteur, dans le but d’apporter la riposte appropriée. Autrement dit, le rapport recommande de prendre des mesures appropriées pour prévenir le blanchiment d’argent dans le secteur des casinos et jeux de hasard.

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