Le climat des affaires au Bénin est de plus en plus impacté par les réformes multisectorielles du gouvernement. Ceci n’est pas sans compter la forte collaboration entre le public et le privé. Ancien Directeur général de Fludor SA, Directeur général de Iridium International consulting et Président du Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB), Roland Riboux dévoile des acquis et perspectives de renforcement de l’économie.
Africa3i : Vous aviez été pendant plusieurs années Directeur général de l’entreprise spécialisée dans la transformation locale, Fludor SA. Quelles sont les raisons qui ont motivé votre départ ?
Roland Riboux : J’ai créé Fludor SA il y a 27 ans. Ensuite je l’ai dirigée jusqu’à ce qu’on ait de multiples activités en particulier l’huile, le beurre de karité et le décorticage de la noix de cajou. Au bout de 25 ans, j’ai trouvé que mes propositions de stratégie n’était plus acceptée par les actionnaires. Il y avait des litiges à ce sujet et j’ai préféré partir.
Suite à ce départ, vous avez créé votre propre entreprise. Iridium International consulting, c’est quoi concrètement ?
J’ai créé Iridium consulting pour utiliser mes compétences surtout en matière de gestion et mon expérience dans la gestion du pays. C’est tout d’abord de l’aide à la gestion, au management. Nous pouvons aider les entreprises qui ont des faiblesses dans ce domaine à aller de l’avant. Nous pouvons aider des entreprises, par exemple, indienne, chinoise ou autre qui viennent au Bénin et qui ont un choc culturel, à le surmonter et avoir de meilleures façons de gérer leurs équipes.
La société opère dans combien de pays ?
Nous avons démarré il y a deux ans et nous sommes concentrés sur le Bénin. Le Bénin nous suffit amplement, car la tâche est immense.
Iridium International consulting est au Bénin depuis 2 ans. Quels sont ses acquis à ce jour ?
En termes d’acquis, nous avons une petite clientèle dans l’aide à la gestion. Nous avons beaucoup fait sur la gestion. Nous avons plusieurs activités sur la formation, la formation sur la motivation en particulier. Maintenant nous nous dirigeons beaucoup sur la cybersécurité et sur la création et la mise en place de logiciels d’aide à la relation client.
Quelles sont les perspectives d’Iridium International consulting à court et à long terme ?
La formation à la cybersécurité et l’aide à la relation client sont les points essentiels de cette année.
Cela fait plus de deux décennies que vous conduisez le Conseil des investisseurs privés du Bénin. Que représente cette organisation aujourd’hui ?
Le CIPB a été créé en 2002. Cela fait plus de 20 ans d’existence et nous avons exploré un certain nombre de champs dans le domaine du climat des affaires.
Les fondamentaux : en matière de fiscalité, nous animons un groupe de travail qui regroupe toutes les composantes du secteur privé et nous avons un rôle de mouche du coche. Sur la justice nous avons une relation très spéciale avec le tribunal de commerce de Cotonou. Nous organisons tous les ans un séminaire avec le tribunal de commerce qui est très apprécié ; nous les aidons à se faire connaître non seulement localement mais aussi dans la sous-région.
Nous avons également des activités sur un domaine qui me paraît être celui du futur pour le CIPB c’est-à-dire développer le cadre de concertation public-privé que nous avons avec la fiscalité, avec la justice ; l’étendre à des réflexions sectorielles de nos différentes industries qui sont à la traîne actuellement.
Le CIPB en 2023, qu’est-ce qu’on peut retenir comme activités marquantes ?
En 2023, nous avons travaillé sur la fiscalité à travers un séminaire avec le directeur général des impôts, Nicolas Yenoussi, et organisé un séminaire en fin d’année sur la justice commerciale avec le nouveau président du tribunal de commerce de Cotonou le magistrat Romain Koffi et le nouveau président de la cours d’appel de commerce William Kodjoh Kpakpassou. Entretemps, nous avons mené toutes nos activités habituelles, à savoir, rassembler les besoins et les désidérata des membres pour les faire passer dans la loi de finance, en particulier la fiscalité. Egalement nous avons lancé un plaidoyer sur les problèmes de l’industrie. Nous avons commencé à rassembler un certain nombre d’informations sur les besoins de l’industrie, les défis auxquels nos industries sont confrontées de façon à trouver des solutions.
Quels sont les défis actuels des investisseurs privés du Bénin?
Les défis des investisseurs, c’est la concurrence, la compétitivité par rapport à d’autres pays, d’autres économies. L’un des problèmes fondamentaux, c’est le problème de l’énergie qui doit être à un coût raisonnable, voire excellent pour pouvoir compétir. Ceci est assuré par le gouvernement à Glodjigbé mais elle ne l’est pas hors Glodjigbé. Donc notre objectif c’est un plaidoyer sur le long terme. Ce plaidoyer sera d’utiliser de l’énergie nucléaire. C’est-à-dire installer une ou deux minicentrales nucléaires pour notre pays. Il y a deux pays qui le font déjà, c’est le Rwanda et le Cap vert. Nous souhaitons que le Bénin se lance dans cette logique et aille vers ces énergies qui sont fiables. Une minicentrale, en réalité, ce sont plusieurs conteneurs qu’on met l’un à côté de l’autre et qui permettent de lancer assez vite une opération. L’installation des grandes centrale est réalisable en 8 ansà 10 ans. Nous ne pouvons pas attendre cette durée et de plus, le Bénin n’a pas besoin d’une aussi grande centrale. Il faut aller vers les minicentrales nucléaires.
Le gouvernement du Bénin a entamé plusieurs actions de transformation afin d’attirer davantage d’investisseurs. Quels sont les atouts dont dispose le Bénin pour mieux intéresser les investisseurs privés ?
Le Bénin est dans le viseur de beaucoup de pays parce qu’il y a une gestion dynamique et le Programme d’Action du Gouvernement est de taille. Ce n’est pas un vain mot, le pays change et les gens le voient, donc ça attire forcément. Il y a ce point de mire qui est Glodjigbé, qui a attiré beaucoup d’Indiens et de Chinois. Le gouvernement est conscient qu’il faudrait un peu diversifier. Le président de la république l’avait dit l’année dernière lors de l’université du MEDEF. Il y a quelques semaines, le MEDEF a envoyé une délégation très importante de 36 membres ici au Bénin. Le pays est vraiment en train d’attirer de nouveaux investisseurs et pas seulement à Glodjibé mais aussi dans l’ensemble du pays et pour cela il y a encore le code des investissements qui très favorable et qui doit intéresser les investisseurs sérieux.
Quelles sont les perspectives du CIPB pour la résilience et l’amélioration du climat des affaires en 2024 ?
Pour 2024 nous allons continuer le plaidoyer pour l’énergie nucléaire qui me parait très important. Nous allons essayer d’assister l’APIEX en particulier, qui a révélé qu’il souhaite mettre en place des cadres de concertations par secteur. Ce qui me parait indispensable parce que chaque secteur a ses problématiques particulières, même si certaines sont communes à tous. Donc nous allons accompagner le secteur privé dans ce plaidoyer avec le gouvernement.
Le budget national de l’exercice 2024 est validé, mais il n’y a eu de cris d’alarme du secteur privé comme les années antérieures ; doit-on comprendre que les dispositions de la loi de finance 2024 sont satisfaisantes pour le secteur privé ?
Vous avez raison, mais on n’est jamais satisfait à 100%. Sur 11 revendications du secteur privé, 6 ont été pris en compte donc ça été une réussite pour nous. Parmi ces revendications prises en compte dans la loi de finance, il y une que je dois particulièrement noter : il n’y aura plus de droit de douane sur les emballages. Ces emballages constituent un point faible de l’industrie béninoise parce que nous n’avons pas encore d’industries pour fabriquer les emballages, par exemple les boites de conserve vides, les cartons et autres. Le fait de pouvoir acheter ces emballages sans droits de douane est une réforme très importante. Une industrie qui importe des boites de conserve ; c’est une horreur : elle importe du vide en réalité et en plus, si on doit payer droit de douane, on ne peut pas être compétitif. Il y a d’autre points qui ont été reconduits comme l’exonération de droit de douane sur les véhicules, les pièces détachées et les machines elles-mêmes. C’est un effort du gouvernement pour faire en sorte que l’industrie puisse se développer et que le pays puisse s’industrialiser davantage, changer nos équipements et monter en gamme.
En tant que personnalité incontournable du secteur privé, que pouvez-vous dire sur l’Etat de santé du partenariat public-privé ?
Je crois qu’il a le vent en pourpre. Par exemple la direction des impôts ne peut plus s’en passer. C’est devenu un élément, à la limite propagande, pour eux même comparativement aux pays qui n’ont pas ce genre de système. Ensuite, avec la justice commerciale, il y a une coopération qui est très vivante. Je pense que l’Etat va souhaiter aller plus loin. D’ailleurs l’Apiex l’a dit, ils veulent vraiment continuer dans ce domaine. Nous sommes très contents du partenariat public privé, je répète il a le vent en pourpre.
Votre mot de la fin
Je souhaite plein succès à votre chaine de façon à ce qu’elle puisse bien se développer pour apparaitre dans le paysage de la presse béninoise.
Réalisée par Félicienne HOUESSOU