Les initiatives de mise en œuvre d’infrastructures sociales communautaires sont entravées par des difficultés liées à la lourdeur des procédés ainsi que les coûts élevés des réalisations. Pour braver ces obstacles et atteindre ses objectifs, la Banque mondiale a opté pour l’approche DCC (Développement conduit par les communautés). Une méthode novatrice qui donne le pouvoir aux communautés en privilégiant le faire-faire.
Félicienne HOUESSOU
Le Développement conduit par les communautés est l’approche de mise en œuvre utilisée par le projet ACCESS dans les Communautés d’intervention où il est mis en œuvre depuis janvier 2019. Cette approche est une démarche particulière de développement local qui habilite et accorde une place prépondérante aux Communautés bénéficiaires. A travers cette démarche, les Communes cibles délèguent une partie de leurs compétences à la Communauté pour la réalisation des infrastructures sociocommunautaires. Suivant l’approche DCC, des centaines d’infrastructures socio-économiques ont été érigées dans diverses localités du Bénin. La commune de Bohicon est l’exemple palpable de l’intérêt que porte cette approche. Selon le maire de Bohicon, Rufino d’Almeida, ce mécanisme a permis à la ville carrefour Bohicon de disposer de nouveaux hangars, salles de classe, maternités. A travers l’approche DCC, « les communes ont même été mises en concurrence et la commune qui a réalisé les infrastructures dans les délais a reçu un bonus de 22 millions de Fcfa», indique le maire. Ainsi grâce à l’approche DCC, Bohicon a non seulement construit, et ce dans les délais, les infrastructures prévues par le projet ACCESS, mais également, la commune a bénéficié de plusieurs infrastructures supplémentaires. « Avec la réalisation dans le délai de notre hangar à Sodohomè, nous avons reçu un premier bonus. Nous avons appris qu’on pouvait aller à 2 bonus, ce qu’on a également décroché avec la construction d’une école maternelle », confirme le maire Rufino d’Almeida. Il poursuit : « j’ai aussitôt affecté les 44 millions Fcfa à la construction d’un module de salles de classe à Kpassagon et un autre à Gnidjazoun. Ces deux infrastructures ont été réceptionnées il y a quelques jours ». A Tchoukou Daho dans la commune d’Avrankou, les ménages extrêmes pauvres bénéficiaires du projet ACCESS ont pu réaliser avec succès, environ sept kilomètres de pistes rurales au moyen d’outils rudimentaires contre des transferts monétaires sociaux. Cette même communauté a également bénéficié d’un module de trois salles de classe et d’une cantine scolaire érigés suivant l’approche du Développement Conduit par les Communautés. A Houèzoumé, un quartier assez démuni de la ville de Porto-Novo, l’école primaire publique a bénéficié d’un réfectoire équipé de fourneaux écologiques pour les besoins de cuisson des repas destinés aux enfants. Le spécialiste en formation de gestion à la base, Ousmane Togou, dans un documentaire réalisé par le projet ACCESS, souligne que cette approche permet d’aller vers les bénéficiaires, de leur permettre d’apprendre comment conduire un processus de développement, de leur permettre de mettre en pratique ce qu’ils ont appris tout en faisant le suivi à travers le monitoring et la communication.
Les grandes lignes du projet ACCESS
Le projet Appui aux Communes et Communautés pour l’Expansion des Services Sociaux (ACCESS) est une déclinaison de la nouvelle stratégie du Groupe de la Banque Mondiale (2018-2023) destinée à guider les interventions de l’institution au Bénin. Le projet ACCESS appuie la mise en œuvre de la Politique Nationale de Décentralisation et de Déconcentration (PONADEC) adoptée en 2009, la mise en œuvre de la Politique holistique de Protection Sociale (PHPS) adoptée en 2014 et la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) à travers le soutien au projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH). D’une durée de 4 ans, le projet couvre les 77 communes avec 425 villages administratifs à impacter directement (financement initial). ACCESS est placé sous la tutelle du Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale (MDGL). Son budget global est de 20 milliards CFA et est exécuté par le Secrétariat aux Services Décentralisés Conduits par les Communautés (SSDCC).
La première composante prend en compte la réalisation d’infrastructures de base dans les communautés où il y a eu une difficulté d’accès au minimum social. La deuxième composante, dédiée aux filets sociaux, comprend le Renforcement des systèmes de protection sociale, y compris le Registre Social National, pour permettre l’identification des bénéficiaires du projet ARCH et ceux du projet ACCESS, ainsi que potentiellement d’autres programmes. La composante 2 met en œuvre en prioritairement les filets sociaux et systèmes de protection sociale en extension pour 18000 ménages pauvres extrêmes répartis dans 16 Communes sur les 77 que compte le Bénin, soit 20% des communes. Une offre de trois (03) services sociaux est prévue en faveur de la cible : des transferts monétaires non conditionnels de 5000 FCFA par mois sur 24 mois consécutifs dès les premiers transferts monétaires ; des transferts monétaires conditionnels pendant la période de soudure de quatre (04) mois chaque année au cours du cycle des 2 ans envisagés ; des mesures d’accompagnement pour le changement de comportement économique à travers la formation et le soutien en entrepreneuriat familial et le changement de comportement vis-à-vis des enfants en synergie d’action avec l’UNICEF. Cette composante vise exclusivement l’appui à la gestion et la coordination du projet par le Secrétariat aux Services Décentralisés Conduits par les Communautés (SSDCC) à travers la prise en compte des charges d’exploitation, des dépenses associées à la passation des marchés, à la supervision, à la conduite des audits et à l’évaluation des activités du projet.