vendredi, mai 9, 2025
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Inclusion financière en Afrique : Des progrès lents, les écarts entre les sexes se creusent

L’avenir économique de l’Afrique dépend de la libération du plein potentiel de sa population, les femmes jouant un rôle essentiel dans la croissance et le développement durable. À travers le continent, des initiatives innovantes, comme les plateformes de paiement mobile et les coopératives d’épargne, boostent progressivement l’inclusion financière et économique. Cependant, des défis importants subsistent.

En Afrique, les pressions socioéconomiques et les lois restrictives entravent l’inclusion des femmes, creusant les écarts entre les sexes dans l’activité économique et la prise de décision. Les progrès en Afrique restent lents et inégaux. Selon les données de la Banque mondiale publiées en 2021, près de 65 % des femmes en Afrique subsaharienne restent exclues des systèmes financiers formels. En majorité, on les retrouve, soit au chômage, soit sous-employées, soit en situation d’emploi précaire. Ceci s’explique en grande partie par la charge disproportionnée qu’elles assument pour s’occuper de leurs enfants et de leur famille, limitant ainsi leur capacité à chercher et à conserver un emploi et à participer pleinement à la vie économique.

Egalement, les femmes entrepreneures évoluent souvent dans le secteur informel, avec un accès limité au capital et aux autres services financiers formels. Elles sont freinées par le manque de compétences essentielles pour gérer et pérenniser efficacement leurs entreprises, et tirer parti des services et produits financiers disponibles, ainsi que des autres opportunités commerciales existantes. Pourtant, leur autonomisation économique est cruciale pour réduire la pauvreté, améliorer les conditions de vie et renforcer l’égalité des sexes.

Combler les lacunes du cadre juridique

Le cadre juridique africain offre des bases solides et prometteuses de changement. Cependant, combler le fossé entre la législation et sa mise en œuvre reste toutefois le défi majeur. La dimension juridique mesure dans quelle mesure les structures et institutions juridiques d’un pays favorisent l’égalité des sexes en général, et la capacité d’action économique et le bien-être des femmes en particulier.

L’Agenda 2063 de l’Afrique offre un cadre global pour relever les principaux défis et exploiter le potentiel des femmes africaines en tant que moteurs du développement durable. À travers des initiatives telles que la Décennie des femmes africaines pour l’inclusion financière et économique 2020-2030, et des politiques existantes telles que la Stratégie de l’UA pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes , le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo), la Déclaration solennelle sur l’égalité des sexes en Afrique (SDGEA) et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, l’UA a démontré son engagement à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sur tout le continent.

La Décennie des femmes africaines pour l’inclusion financière et économique vise à garantir que chaque femme africaine puisse travailler, percevoir un salaire équitable et contribuer pleinement à l’économie de son pays. Fort de ces efforts, le Centre africain pour la transformation économique (ACET) a élaboré l’Indice d’inclusion des femmes africaines (IAF) pour suivre les progrès, célébrer les victoires et responsabiliser les dirigeants.

Selon ce document, le score moyen des pays inclus – 72,1 sur 100 – reflète les avancées de l’Afrique en matière de réformes non discriminatoires fondées sur le genre et témoigne d’efforts notables pour une plus grande prospérité des femmes au XXIe siècle. Près d’un tiers des pays ont réalisé des « progrès rapides », gagnant 10 points ou plus entre 2017 et 2022. Malheureusement, le rythme du changement s’est ralenti, l’amélioration moyenne passant de 7 points à 5,8 points ; et les progrès varient considérablement d’un pays à l’autre, avec un écart de près de 60 points entre les scores les plus élevés et les plus bas.

Les experts de l’ACET ont indiqué que le Gabon et la Côte d’Ivoire arrivent en tête du classement, avec un score impressionnant de 97,8. Le Gabon a gagné 5,6 points entre 2011 et 2017 et 44,5 entre 2017 et 2022, marquant des progrès significatifs dans la création d’un cadre juridique sensible au genre. La Côte d’Ivoire a également enregistré une performance impressionnante, gagnant 19,5 et 15 points sur les mêmes périodes. Maurice se classe troisième avec un score de 91,3. Le pays a enregistré une augmentation notable de 13,3 points entre 2011 et 2017, mais est resté stable entre 2017 et 2022, ce qui indique la nécessité de poursuivre les efforts pour maintenir les progrès.

« Les autres pays ayant réalisé les plus grands progrès sont l’Éthiopie (+18,9), le Soudan du Sud (+16,7), la Tunisie (+15,6) et l’Ouganda (+15,6). Seul le Togo a régressé dans cette dimension (–2,8) : en 2021, il a supprimé la loi interdisant le licenciement des femmes enceintes, ce qui a freiné la protection des femmes sur le marché du travail. En novembre 2022, l’Assemblée nationale a amendé le code du travail pour rétablir cette loi », peut-on lire dans « l’African Women’s Inclusion Index 2025 ».

Malgré les progrès généraux réalisés sur le continent dans l’adoption de lois offrant un cadre juridique favorable à l’inclusion financière et économique des femmes, la traduction de lois progressistes en avantages concrets demeure un défi persistant. Parmi les contraintes notables figurent les lacunes en matière d’application et d’efficacité judiciaire, le manque de volonté politique et de systèmes de responsabilisation, des attitudes patriarcales et des normes culturelles profondément ancrées, ainsi que le manque d’investissement dans les systèmes nécessaires à une mise en œuvre efficace et concrète des lois.

Félicienne HOUESSOU

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