vendredi, mai 30, 2025
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« Ne vous contentez pas de nous plaindre. Investissez en nous. » – Nouvelle initiative pour autonomiser les femmes migrantes de retour en Ouganda

Lorsqu’Amina Nalwoga a embarqué pour l’Arabie saoudite il y a cinq ans, elle n’avait que de l’espoir. Mère célibataire de trois enfants, on lui avait promis un emploi stable comme femme de ménage, suffisant pour envoyer ses enfants à l’école et sortir sa famille de la pauvreté.

Mais le rêve s’est vite envenimé.

« Ils ont pris mon passeport. Je travaillais 18 heures par jour. Quand j’ai supplié pour avoir plus de temps, ils m’ont enfermée dans une pièce », se souvient-elle, la voix tremblante. Après deux années éprouvantes, elle est rentrée en Ouganda, épuisée, traumatisée et avec peu de résultats pour son sacrifice.

L’histoire d’Amina n’est pas unique. Partout en Afrique, des millions de femmes migrent vers le Moyen-Orient comme employées de maison, pour finalement revenir chez elles brisées, endettées ou pire, dans des cercueils.

Aujourd’hui, une nouvelle initiative audacieuse menée par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine (CUA) s’efforce de réécrire ce récit, en transformant les survivants en entrepreneurs, en défenseurs et en dirigeants.

Chaque jour, des femmes africaines entreprennent des voyages en quête de meilleures opportunités. Certaines trouvent du travail à l’étranger, souvent comme employées de maison dans les pays du Golfe, et rentrent chez elles confrontées à des difficultés économiques et à une réinsertion difficile. Cependant, une nouvelle initiative menée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine (CUA) vise à changer cette situation.

« L’histoire ne doit pas s’arrêter avec leur retour », déclare Matashane-Marite, responsable de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes à l’ECA. « Nous devons faire en sorte que ces femmes survivent et prospèrent économiquement. »

Le projet conjoint, « Migrations internationales en Afrique : façonner un récit positif et supprimer les obstacles à la mobilité », se concentre sur l’autonomisation des femmes migrantes de retour en Ouganda, au Kenya et en Éthiopie, en particulier celles qui travaillaient dans des rôles domestiques.

Pourquoi est-ce important maintenant ?

Avec plus d’un milliard de personnes migrant dans le monde, dont 281 millions de migrants internationaux, les femmes sont souvent victimes d’exploitation dans des emplois informels et mal rémunérés. De retour chez elles, nombre d’entre elles peinent à se réinsérer dans l’économie locale.

« Nous avons besoin d’une action urgente, mais aussi de politiques fondées sur des données probantes », déclare Matashane-Marite. La CEA a mené des évaluations sur les migrants de retour des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), révélant un besoin crucial de programmes de réintégration dignes.

L’impact économique

Lawrence Egulu, commissaire aux services de l’emploi de l’Ouganda, souligne les contributions financières des travailleurs migrants : les travailleuses domestiques contribuent jusqu’à 1,5 milliard de shillings ougandais en transferts de fonds et 30 milliards de shillings ougandais par an en recettes non fiscales.

Pourtant, de nombreux rapatriés manquent de moyens d’accéder à des moyens de subsistance durables. « Ils doivent reconditionner leurs compétences pour travailler en Afrique », insiste Egulu, appelant les organismes internationaux comme la CEA et la CUA à repenser les politiques de migration de main-d’œuvre.

Un appel à la réintégration fondée sur les droits

Kondwani Kamanga, chargé de politique sociale à la CUA, insiste sur la nécessité d’une migration sûre et d’une réintégration durable : « Nous devons donner la priorité aux droits humains et à l’autosuffisance économique. Soutenir les rapatriés n’est pas seulement une question de bien-être, c’est aussi une question de développement pour l’Afrique. »

Une initiative multipartite pour le changement

Du 19 au 21 mai, le ministère ougandais du Genre, du Travail et du Développement social, en collaboration avec la CEA et la CUA, a réuni un groupe de travail pour élaborer des stratégies autour des voies à suivre pour créer des programmes d’autonomisation économique pour les femmes rapatriées ; des réformes politiques pour une migration et une réintégration plus sûres ; et une collaboration plus forte entre les gouvernements, les ONG et les agences des Nations Unies.

« Ce n’est qu’un début », déclare Matashane-Marite. « En investissant dans ces femmes, nous investissons dans des communautés plus fortes. »

La deuxième chance d’Amina

Aujourd’hui, grâce au soutien de divers acteurs, Amina fait partie d’une cohorte pilote à Kampala. Grâce à une formation professionnelle, elle a appris la couture et, grâce à une micro-subvention, elle a ouvert une petite boutique.

« Maintenant, j’emploie deux autres rapatriées », dit-elle fièrement. « Nous ne sommes plus des victimes. Nous sommes des femmes d’affaires. »

Un appel à l’action

Le succès de l’initiative repose sur l’engagement des gouvernements, des employeurs et des collectivités. Tandis qu’Amina coud une robe dans son atelier, elle adresse un message aux dirigeants :

« Ne vous contentez pas de nous plaindre. Investissez en nous. »

Avez-vous des informations à transmettre aux journalistes d’Africa3i ? Envoyez-nous un e-mail à africa3info@gmail.com

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