Le stock de la dette extérieure à long terme de la Tunisie a atteint 75 966 millions de dinars (MD) fin 2024, enregistrant une baisse de 7,1% par rapport à 2023, selon le dernier rapport statistique publié mardi par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Cette diminution masque toutefois une pression croissante sur le service de la dette, qui a bondi de 22,2% pour culminer à 14 371 MD.
Au cours de l’année 2024, les tirages sur emprunts extérieurs à long terme ont reculé de 9,4% à 6 517 MD. L’administration publique demeure le principal bénéficiaire, mobilisant près de 80% des fonds (5 193 MD), tandis que les autres secteurs économiques ont obtenu 1 324 MD, dont la majorité destinée aux entreprises non financières, notamment dans l’énergie (661 MD). Les tirages dédiés au secteur financier se sont limités à 175 MD.
Les emprunts extérieurs restent largement dominés par les créanciers officiels multilatéraux, qui représentent 77,5% des financements mobilisés, avec en tête la Banque mondiale, la BAD, la BEI et l’Afreximbank. La Tunisie s’est par ailleurs abstenue de recourir aux marchés financiers internationaux depuis 2019, en raison des difficultés d’accès, ce qui a entraîné une chute du stock de dette obligataire à 7 947 MD.
La charge du principal remboursé a connu une forte augmentation (+27,3%), atteignant 11 829 MD, contre une hausse modérée des intérêts (+3%), à 2 542 MD. L’augmentation des remboursements conjuguée à la baisse des nouveaux tirages a généré un solde net négatif de 7 855 MD, un déficit qui s’est aggravé par rapport à 2023 (-4 573 MD). L’administration publique y a contribué à hauteur de -6 209 MD.
Le taux d’endettement extérieur rapporté au PIB poursuit néanmoins sa tendance baissière enclenchée depuis 2020, revenant à 47,5% en 2024, contre 54,6% un an auparavant. La dette extérieure de l’État s’est repliée à 39,1% du PIB, tandis que celle des autres agents économiques a baissé à 8,4%.
Par catégories d’emprunteurs, l’administration publique concentre 82,3% de l’encours total, soit 62 537 MD, en recul de 6,5% sur un an. La dette extérieure des entreprises publiques a diminué de 8,1% à 11 476 MD, et celle du secteur privé de 16,6% à 1 907 MD.
Côté créanciers, la dette multilatérale a légèrement reculé à 49 279 MD mais sa part dans l’ensemble s’est renforcée, passant à 64,9%. La Banque mondiale demeure le premier bailleur du pays (19% du total), suivie par la BAD (10,6%). La position vis-à-vis du FMI s’est nettement réduite à 5 339 MD, tandis que l’Afreximbank voit sa part progresser à 6,6%, soutenue par un nouveau financement de 500 MUSD.
La dette bilatérale a diminué à 18 740 MD, majoritairement contractée auprès de partenaires officiels (91,8%). Enfin, la structure par devises reste dominée par l’euro (56,5%), suivi du dollar (24,4%), du yen (5,9%) et du dinar koweïtien (4,5%).
La BCT souligne que si la Tunisie réduit son niveau d’endettement, le tarissement des ressources extérieures combiné à l’alourdissement des remboursements renforce la vulnérabilité financière du pays et accroît la pression sur les finances publiques.
Elom LOKONON
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