La première tenue du Sommet du G20 sur le sol africain restera dans les mémoires non pour son triomphe, mais pour son échec à saisir l’urgence. En accueillant le forum, l’Afrique du Sud, sous la présidence de Cyril Ramaphosa, avait promis de placer les priorités africaines au cœur de l’agenda. Cependant, la Déclaration des Leaders du G20, adoptée le 23 novembre 2025, est largement perçue par les experts comme une occasion perdue, privilégiant la diplomatie de façade à la crise de la dette et du développement qui paralyse le continent.
La Déclaration de Lomé, qui incarne la Position Africaine Commune (PAC) sur la dette, exigeait clairement un mécanisme multilatéral permanent de restructuration de la dette, fondé sur des règles et ancré au sein des Nations Unies, des mesures pour promouvoir la transparence et la responsabilité en matière de dette et des actions concrètes pour endiguer les flux financiers illicites hors du continent.
Dans un récent communiqué, AFRODAD souligne que la Déclaration du G20 a malheureusement atténuer ces demandes. Elle a notamment omis de s’aligner sur l’esprit de la PAC, s’abstenant de s’engager en faveur de l’ouverture de négociations intergouvernementales à l’ONU pour un nouveau mécanisme de restructuration de la dette souveraine.
Ces omissions ne sont pas de simples oublis. Elles constituent, selon le communiqué, une réticence injuste à s’attaquer aux facteurs structurels de l’endettement africain. La déclaration promeut une approche du problème de la dette comme une simple crise technique de liquidité ou d’insolvabilité, une recette qui favorise in fine les intérêts du Nord et perpétue les cycles d’endettement récurrents pour les pays du Sud.
La CNUCED rappelle qu’une grande partie de la dette africaine (environ 44 % de l’encours de la dette extérieure) est désormais détenue par des créanciers privés, rendant toute restructuration opportune et ordonnée quasi impossible.
L’outil actuel de gestion de la dette pointé du doigt
« Le Cadre commun a échoué à parvenir à un règlement rapide et efficace de la dette des pays africains tels que la Zambie et l’Éthiopie. Au lieu de cela, le processus a toujours donné la priorité aux bénéfices du secteur privé, tout en transférant les pertes sur des gouvernements déjà affaiblis, » dénonce le communiqué de AFRODAD.
Le document indique que malgré les critiques constantes de plusieurs organisations sur la compromission de la viabilité de la dette, la présidence sud-africaine a échoué à répondre de manière décisive, se contentant d’appeler au « renforcement » du statu quo du Cadre Commun, ignorant ses échecs flagrants.
L’échec de l’Afrique du Sud et, indirectement, de l’Union africaine, à transformer la rhétorique diplomatique en réformes structurelles aura des répercussions directes sur les populations.
Riska Koopman, responsable des finances publiques et privées internationales à l’AFRODAD, résume amèrement l’occasion manquée : « À travers la Position Africaine Commune, les pays africains ont cimenté un récit cohérent sur la dette. La présidence sud-africaine du G20 et la déclaration des Leaders édulcorent cette tentative des gouvernements africains d’être des acteurs volontaires dans la réforme de l’architecture financière mondiale… Les défis de la dette s’infiltrent dans toutes les fibres de la vie quotidienne du continent. »
Dans ce contexte, la pertinence du G20 en tant que premier forum économique mondial est de nouveau remise en question. Les tensions géopolitiques, exacerbées par le retrait des États-Unis de multiples processus multilatéraux – l’absence américaine au G20 2025 et le fait de ne pas avoir invité l’Afrique du Sud à son propre sommet en 2026 en Floride – menacent la cohésion du G20 et les progrès en matière de réformes financières.
AFRODAD réaffirme la nécessité impérieuse de déplacer la prise de décision vers des espaces plus démocratiques comme l’ONU, où chaque pays dispose d’une voix et d’un pouvoir de décision. L’organisation continue de plaider pour la création d’une Convention-cadre des Nations Unies sur la dette souveraine – un mécanisme juridiquement contraignant, fondé sur l’équité, capable de fournir les solutions multilatérales urgentes pour prévenir et résoudre les crises de la dette africaine.
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Félicienne HOUESSOU
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