Dans le cadre de l’initiative ‘’End Porverty Days 2024’’, la Banque mondiale en collaboration avec le ministère du cadre de vie a organisé le mardi 22 octobre 2024, une visite sur les sites d’intervention du Projet d’Investissement pour la Résilience des Zones Côtières en Afrique de l’Ouest (WACA ResIP). A l’occasion, journalistes et activistes sont allés voir les réalisations de ce projet qui fait partie de l’enveloppe de 16 milliards de dollars comprise dans « Africa-Climate Business Plan ».
« Nous voulons quitter la position de défense en attaquant nous-mêmes. Nous avons donc repoussé l’océan de 200 mètres de large grâce à un ouvrage fait par les Béninois. Sur 5,3 kilomètres de long, ce n’est rien qu’un rechargement de sable, rien que de la plage reconstituée. Vous avez plus de 80 mètres de soubassement aquatique constitué de sable draguée à une profondeur de (-8) sous l’eau, pour pouvoir créer le moteur de sable de 200 mètres ». Ainsi, s’exprimait Dr Moussa Bio Djara, spécialiste technique Littoral du WACA ResIP Bénin.
Selon les explications de l’expert en aménagement des espaces littoraux, le Bénin a réalisé grâce au programme WACA ResIP, 8 ouvrages de type épis continue de Hillacondji (village et poste frontalier Bénin-Togo, à une centaine de kilomètres de Cotonou, et situé dans la commune de Grand-Popo dans le département de Mono sur la côte du Golfe de Guinée) à Agoué (arrondissement dans le département de Mono au Bénin, division administrative de Grand-Popo).
En effet, avant les travaux du projet, toute la plage de Hillacondji était un plan d’eau mort. Suite à l’intervention du projet, dans un premier temps, on observe le comblement du plan d’eau mort avec 100.000 mètres cube de sédiments. L’espace a été ainsi ramené à une hauteur de 4 mètres 6 par rapport au niveau maritime. Le second niveau qui est le haut de plage normal, fait 3 mètres 20. Dr Moussa Bio Djara souligne qu’il a fallu deux niveaux de plage parce que la zone est confrontée à deux types des phénomènes : l’érosion côtière liée aux installations et la submersion maritime. « Progressivement, nos enrochements ne seront plus visibles. Les générations futures ne sauront même pas qu’il y a des roches sous le sol. Nous avons mis 8 épis donc 7 casiers. Le casier étant l’intervalle entre deux ouvrages de type épis et fait 350 mètres », a martelé Dr Moussa Bio Djara qui précise que les ouvrages de types épis ont une durée de vie d’au moins 50 ans.
Sous la menace de l’érosion côtière, toute une habitation est partie. Mais la technique de protection qui consiste à lutter contre la nature par la nature, une innovation du WACA ResIP Bénin a permis de sauver la zone. Une des expériences réussies en Afrique de l’Ouest, cette approche permet actuellement 1,7 kilomètre de plage reconstruit et très riche en sédiments.
« On ne peut pas finir ce projet sans faire un verdissement. Ce qui nous a poussés à mettre en place 20 hectares de cocotier. Nous faisons le suivi et somme à un taux de rendement de 99%. Les 1% restant sont des plants qui ne sont pas morts, mais qui sont en retard de croissance » rassure Dr Moussa Bio Djara.
Pour Olivier Assinou, communiquant, spécialiste de développement et blogueur, les populations ont désormais une côte protégée contre l’érosion et peuvent mener leurs activités de façon plus sereine. « A Grand-Popo j’ai vu une opération qui a servi à mettre en place une série d’épis contre l’érosion côtière. D’après les explications que nous avons reçues et qui concordent avec les constats que nous avons faits, ces travaux permettent à la plage de se reconstituer naturellement par endroit et avec un coup de pouce humain d’autre part », affirme-t-il.
Adja Stéphania, blogueuse confirme : « nous sommes venues constater de visu le travail abattu dans le cadre du WACA ResIP Bénin pour protéger nos côtes. Ainsi, au lieu d’une avancée de la mer, nous avons plutôt remarqué une avancée de la terre grâce aux techniques mises en place ».
Par ailleurs, la délégation a visité une ferme de production et de transformation des produits agricoles et halieutiques installée à Comè Gadomè (situé à une cinquantaine de kilomètres de Cotonou). Ce site installé avec l’appui du projet WACA ResIP Bénin contribue à la fois à l’autosuffisance alimentaire de la région et à sa résilience face aux effets du changement climatique.
A propos du projet WACA ResIP Bénin
Le Programme de gestion du littoral ouest-africain a été conçu pour répondre à ce besoin croissant d’intégration régionale. C’est une instance de mobilisation grâce à laquelle partenaires techniques et financiers peuvent contribuer au développement durable du littoral, avec comme angle d’attaque la lutte contre l’érosion et les inondations côtières.
En effet, un tiers environ des habitants d’Afrique de l’Ouest vivent sur le littoral, où la croissance démographique atteint 4 % par an. Les zones côtières sont à l’origine de 56 % du PIB de la région. La région dispose de beaucoup de ressources naturelles, terrestres et marines, qui fournissent des services écosystémiques essentiels. Or, la productivité des écosystèmes côtiers est menacée. En cause : le développement d’infrastructures non durables, la mauvaise gestion des ressources et des habitats naturels, et la pollution. En outre, les conséquences du changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer et son réchauffement, les glissements de terrain, les ondes de tempête et l’accroissement des inondations côtières, ajoutent à la vulnérabilité de la région.
Par endroits, l’érosion côtière atteint plus de 10 mètres par an, tandis que les pêcheries sont exploitées au maximum de leurs capacités, quand elles ne sont pas surexploitées. Moins de 10 % des zones urbaines disposent de services d’évacuation des eaux usées, et entre 20 % et 30 % des mangroves ont été détruites ou abîmées au cours des vingt-cinq dernières années.
Face à cette situation, les pays concernés ont décidé de passer à l’action et de s’unir autour d’une stratégie régionale qui permettra de préserver le littoral ouest-africain au profit des générations futures.
Au Bénin, les travaux ont démarré précisément le 17 décembre 2022 et ont été bouclés le 21 mai 2023.
Félicienne HOUESSOU